Un grand projet culturel

Frederic-Saenger-2

CONSTAT

A la fin des années 80, au début des années 90, Genève connaît une pleine effervescence de la culture alternative. C’est créatif, bricolé parfois avec des bouts de ficelle mais insufflé avec inventivité et passion. Cette culture alternative s’est peu à peu éteinte dans les années 2000 et a fait place a une culture subventionnée souvent de qualité mais parfois jugée trop élitiste par une partie de la population. De surcroît, des fêtes populaires ont été supprimées, comme les Fêtes de Genève qui réunissaient les Genevois et Genevoises de tous milieux et attiraient de nombreux touristes.

Plusieurs actrices et acteurs culturels, notamment venant du monde du théâtre ont relevé que nombreux étaient ceux qui rechignaient à demander des subventions auprès d’institutions privées. C’est un drôle de paradoxe : ces productions n’ont pas les moyens de payer suffisamment les comédien.ne.s, technicien.ne.s, mais sont réticents à faire appel à des sponsors privés.

Ce problème de subventions dans le cinéma, le directeur de l’unique magazine suisse de cinéma en Suisse romande a pu le vivre en tant qu’indépendant : peu de subventions et une attitude peu conciliante chez plusieurs productions suisses qui n’ont pas besoin de faire la promotion de leurs films car ils ont déjà touché des subventions. Problème que subit également la presse musicale à Genève qui n’est pas soutenue.

De leurs côtés, les festivals de musique sont souvent des gouffres financiers. Ceux-ci voient leur programmation et leur affluence baisser car ils n’ont pas les moyens des têtes d’affiches et font peu de place aux artistes locaux. L’exemple du festival Vernier sur Rock est intéressant. L’année précédant le covid, un tiers de ses subventions a été supprimé par le conseil administratif de la commune, car le festival était jugé pas assez culturel – alors qu’il s’agit d’un festival de musique – et pas assez social – alors qu’il fait de la réinsertion de jeunes toute l’année et organise des tremplins pour jeunes artistes locaux-. Cette suppression de subventions, suivie de la crise du covid, a plongé le festival, qui devait fêter ses 40 ans cette année, dans une situation périlleuse.

Gains intermédiaires et chômage 

Pour les comédien.ne.s et les technicien.ne.s, le système n’est pas mauvais mais à parfaire grandement pour les autres artistes. Avant le covid, la grande majorité des acteurs culturels bénéficiaient du gain intermédiaire. Depuis le covid, de nombreux et nombreuses technicien.ne.s et de comédien.ne.s ont quitté le métier et il y a une pénurie de professionnels dans ces domaines. Le statut des artistes indépendant.e.s est plus complexe ,car ils ne cotisent que pendant les jours travaillés. Et il faut rappeler que malheureusement peu vivent de leur art.

Quant aux musicien.ne.s, leurs cachets sont trop faibles et de petites tournées, par exemple en France ou en Allemagne, ne rapportent pas assez. En Suisse, peu d’organisateurs salarient les musicien.ne.s. Engagés la plupart du temps pour une soirée, une journée ou une prestation, la charge administrative que représente le fait de les affilier et de les déclarer aux assurances sociales semble excessive aux organisateurs au vu de la durée de l’engagement.

MESURE

Pour redynamiser le tissu culturel et soutenir la création, il faut des projets qui engagent toute la population, à l’image de Stairs, projet initié par le cinéaste Peter Greenaway, exposition de 100 jours à ciel ouvert qui s’est déroulé dans les rues de Genève, du 23 avril au 31 juillet 1994.

Un grand projet culturel d’envergure est proposé aux Genevois et Genevoises sur une durée d’un mois. Il est organisé chaque année pour stimuler la création, est ouvert à tous les artistes, et choisi sur concours par un jury composé de 15 citoyens et citoyennes tirés au sort et constitué en assemblée citoyenne.

ARGUMENT 1 – Quoi ?

Ce grand projet accompagnera le soutien aux artistes et aux créateurs et pourra donner lieu à la fin du projet à des bourses d’études ou encore des résidences d’artistes, ce qui les aidera à poursuivre leur travail de création et à développer leur carrière.

ARGUMENT 2 – Pourquoi ?

La création doit être stimulée en encourageant un grand projet innovant et en aidant les artistes à trouver des financements. Ce projet se concentrera davantage sur la diversité culturelle, en favorisant la participation de minorités de la diversité culturelle et en promouvant une offre culturelle diversifiée.

ARGUMENT 3 – Comment ?

Le but est d’augmenter le pourcentage du budget culturel cantonal aujourd’hui alloué à 3% à la création suivant la volonté du peuple, qui a plébiscité à 83,16%, l’initiative populaire « Pour une politique culturelle cohérente à Genève », le 19 mai 2019.

Le projet politique culturel devra être inclusif, diversifié, accessible, éducatif et tenir compte du  patrimoine culturel genevois. Il devra également s’appuyer sur des partenariats avec différents acteurs aussi bien publiques que privés.