Création de places de crèche

Nicolas-Pivin

CONSTAT 

À la naissance de leur enfant, de nombreux parents genevois se retrouvent dans des situations délicates quant au choix de leur future vie familiale et professionnelle en raison du manque de structures d’accueil de la petite enfance. 

En 2021, sur 20’876 enfants en âge préscolaire vivant dans le canton, 12’130 enfants ont été accueillis dans une structure d’accueil collectif, publique ou privée, de la petite enfance, dont 8’750 en crèches (dotées de 7’430 places pour 36% des enfants en âge préscolaire du canton) et 3’380 en jardin d’enfants (dotés de 2’000 places pour 10% des enfants)1

Bien que le nombre de structures soit en augmentation, il manquait plus de 3’200 places de crèche (dont au moins 1’100 en Ville de Genève).

Cependant, cette réalité cache probablement une demande bien plus élevée. Par découragement, certaines familles renoncent tout simplement à inscrire leurs enfants sur des listes d’attente longues de plusieurs mois, voire années. 

Au rythme actuel et sans prendre en compte la croissance démographique genevoise, il faudrait 15 ans pour construire les structures nécessaires !

MESURE

Faciliter l’accès aux 335 places de crèche et aux 366 places de jardin d’enfants dans des structures privées en octroyant des subventions aux familles en liste d’attente afin d’améliorer instantanément l’offre de places pour tout niveau de revenus et libérer ainsi des places dans le secteur public. 

Simultanément, piloter la Fondation pour le développement de l’accueil préscolaire (FDAP) de manière à chapeauter le réseau complet cantonal de structures d’accueil, comme cela se pratique dans le canton de Vaud.

Enfin, accélérer et promouvoir la création de structures d’accueil dans les communes sous-dotées en facilitant les démarches administratives, en planifiant méthodiquement et de manière innovante le développement urbain et en formant davantage de personnel éducatif, tout en encourageant les reconversions professionnelles.

ARGUMENT 1 – Quoi ? 

Proposer des places d’accueil, c’est répondre aux changements de société. Permettre aux parents, et particulièrement aux mères, de maintenir une activité professionnelle qui répond à des enjeux financiers, personnels, sociaux et d’égalité. Les bénéfices sont innombrables et impactent directement la prospérité du canton. En outre, cette possibilité bénéficie au développement des compétences sociales de l’enfant et un éveil stimulant dans un cadre hors de la famille, qui prépare son entrée à l’école.

87% des places de crèches et 80% des places en jardins d’enfants offertes sont subventionnées ou exploitées par les communes. En Ville de Genève, le coût d’une place varie en moyenne à CHF 40’000 par an, dont près de 20% est assumé par les parents en fonction de leurs revenus. La demande dépasse cependant l’offre et, en conséquence, le temps d’attente pour une place dépasse trop souvent l’âge d’éligibilité des enfants (4 ans révolus au 31 juillet).

Certaines entreprises, organisations internationales et institutions de droit public (HUG, Université de Genève, etc.) offrent des places à des tarifs préférentiels à leurs employé.e.s pour un total de 602 places de crèche et 76 places en jardin d’enfants en 2021. [1]

Reste les structures privées, qui offrent 335 places de crèche et 366 places en jardin d’enfants à des tarifs onéreux, assumés en totalité par les parents en l’absence de subventions.

ARGUMENT 2 – Pourquoi ? 

La pénurie de place d’accueil oblige les parents à réduire leur taux d’activité professionnelle ou à arrêter temporairement de travailler. 

Les parents qui ne peuvent pas bénéficier du soutien de leur famille ou de leurs proches sont davantage pénalisés et les solutions de garde alternatives sont limitées et coûteuses. 

Cette situation provoque une importante baisse des revenus de la famille, induit une réduction des cotisations sociales du ou des parents en charge des enfants, et, en conséquence, engendre de moins bonnes prestations sociales à long terme. 

De plus, les carrières des parents concernés sont mises entre parenthèses, menaçant leurs perspectives professionnelles, salariales et sociales. 

ARGUMENT 3 – Comment ? 

A court terme, appliquer les mêmes conditions et grilles de subventions publiques communales au travers de subsides aux parents qui ont leur enfant dans des structures d’accueil privées (sous réserve de respect de conditions négociées) afin de démocratiser leur accès et de décharger les listes d’attente dans le secteur public. 

Ce subventionnement des places d’accueil privées aux mêmes conditions que les structures publiques (budget estimé entre 18.5 et 29 millions par année) afin de rendre immédiatement accessibles aux familles de tous niveaux de revenus 700 places d’accueil supplémentaires (335 en crèche). Cela permettrait de réduire instantanément le déficit actuel de places d’accueil préscolaire de près de 10%. 

Redéfinir les missions de la FDAP dans le but de gérer sa politique cantonale pour l’accueil de jour et son financement de manière plus dynamique, pour une prise en compte cantonale et non plus communale. Ainsi, une maîtrise complète sur le réseau améliorait l’offre, en assouplissant les conditions d’accès aux places d’accueil.

A moyen terme, systématiser l’intégration et la construction de nouvelles structures d’accueil dans les plans localisés de quartier (PLQ) et faciliter le développement de structures temporaires en privilégiant l’innovation et l’agilité (construction rapide de bâtiments).

[1] Référence focus n° 26 – Mai 2022 de l’Observatoire cantonal de la petite enfance (OCPE)