CV anonyme

Rebecca-Stevens-Alder

CONSTAT

Selon l’Office fédéral de la statistique, les motifs de la discrimination les plus mentionnés sont le travail et la recherche d’emploi (mentionné par 53%). Dans les situations de discrimination impliquant les institutions, l’Administration arrive en tête des discriminations.

De nombreuses études relèvent que les personnes en provenance d’Asie, d’Afrique subsaharienne et des Balkans sont les plus touchées par ces discriminations. Selon le rapport de 2021, du Réseau de centres de conseil pour les victimes du racisme1, après la xénophobie en générale (304 signalés), le racisme anti-noir est le motif de discrimination le plus signalé (206 cas signalés). Dans une majorité de cas, la plupart des discriminations ont lieu sur le lieu de travail. L’administration et le secteur public sont parmi les plus touchés par les cas de discrimination.

Par ailleurs, les résultats de l’étude menée par l’Université de Neuchâtel en novembre 2021 mettent en évidence une réalité encore peu débattue dans la société suisse : des inégalités de traitement affectent les jeunes Suisses d’origine immigrée sur le marché du travail, même lorsqu’ils sont détenteur.rice.s du même passeport et des mêmes qualifications linguistiques, scolaires et professionnelles que leurs contemporain.e.s d’origine suisse2.

Bien que la Suisse ne dispose pas d’un droit de la discrimination exhaustif, il existe de nombreuses possibilités – juridiques ou non – d’agir. Le code pénal suisse punit quiconque refuse à une personne ou un groupe une prestation destinée à l’usage public en raison de son appartenance raciale, ethnique ou religieuse ou encore de son orientation sexuelle (art. 261 bis CP). Or il demeure difficile d’actionner ses instruments. Pour lutter efficacement contre les préjugés et les stéréotypes raciaux, des solutions en amont doivent être mises en place.

Des campagnes de sensibilisation ont été lancée par le Bureau cantonal de l’intégration des étrangers et la prévention du racisme (BCI), mais il est important que l’Administration instaure en son sein des pratiques pour lutter contre la discrimination.

MESURE

Afin de garantir à chacun.e. une égalité dans l’accès à l’entretien d’embauche, l’Administration publique et les institutions de droit public instaurent le CV anonyme tant pour leurs recrutements que pour la mobilité interne de leur personnel. Les mentions du nom, de l’âge et de la nationalité sont supprimées.

ARGUMENT 1 – Quoi ?

Lutter contre les stéréotypes en déconstruisant les nombreux préjugés et inégalités, c’est renforcer la cohésion sociale dans notre société et augmenter la solidarité au sein de la population. Le bénéfice social à long terme est positif en termes de retombées économiques dans un canton ouvert sur le monde et dont la population est à majorité multiculturelle.

ARGUMENT 2 – Pourquoi ?

Les obstacles à l’embauche représentent un frein économique et ont des répercussions sur l’ensemble de la société. Exclure une personne en raison de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, de son apparence physique, de son nom de famille ou en raison de son état de santé ou de son handicap contrevient aux valeurs méritocratiques. Chacun devrait avoir une chance d’exprimer son talent quel que soit ses origines ou son appartenance.

ARGUMENT 3 – Comment ?

Le rôle de l’État est d’offrir un cadre clair et stable, non seulement pour sauvegarder les libertés, mais aussi pour préserver la justice sociale. Les inégalités sont de plus en plus insupportables à la population. L’État doit donner l’exemple, en matière de recrutement, en instaurant la pratique du curriculum vitae anonymisé pour tous les postes à l’État afin de mettre sur un pied d’égalité l’ensemble des demandeurs et demandeuses d’emploi.

1 Source: C-ERC, rapport annuel 2020

2https://nccr-onthemove.ch/blog/la-discrimination-a-lembauche-des-descendant%c2%b7e%c2%b7s-dimmigre%c2%b7e%c2%b7s/?lang=fr