Facilitation de l’apprentissage

Etienne-Dufour
Jean-Louis-Fazzio

CONSTAT

La formation obligatoire jusqu’à 18 ans est inscrite dans la Constitution genevoise et Genève a mis en place plusieurs mesures pour que des jeunes qui habitent le canton obtiennent une formation qualifiante avant l’âge de 25 ans. Néanmoins, la formation professionnelle reste peu valorisée à Genève en comparaison des cantons suisse-alémaniques et ce en dépit de la promotion de l’apprentissage, notamment via la Cité des Métiers (plus de 400 métiers présentés à la cité des métiers). Cela manque de valorisation a pour conséquence une réticence des parents à encourager leurs enfants dans la voie de l’apprentissage.

Les jeunes ont de la peine à trouver une place d’apprentissage et, de leur côté, les entrepreneur.e.s sont souvent découragé.e.s par la lourdeur administrative des inscriptions et les délais qui en découlent. Par exemple, pour inscrire un.e apprenti.e, un.e entrepreneur.e dans le bâtiment devra successivement passer par l’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC), le Centre de formation professionnelle de la construction (CFPC), après avoir eu l’aval de la SUVA, et de l’OCIRT. Et pour savoir si cela se passe bien à l’école professionnelle, c’est à l’artisan d’appeler l’enseignant au CFPC (ancien CEPTA). Sans compter que les difficultés personnelles ou socioprofessionnelles auxquelles sont confrontés les apprenti.e.s augmentent et se complexifient.

Par ailleurs, un commissaire inter-métier est chargé de surveiller l’interaction entre l’apprenti.e et les patrons. Ils interviennent en soutien lors de difficultés d’ordre relationnel sur la place de travail. Or ces commissaires, souvent des anciens artisans ou indépendant.e.s, ne sont pas assez nombreux pour faire face à ces nouvelles problématiques.

De surcroît, les cours pour les professionnels qui souhaitent devenir formateurs d’apprenti.e sont très contraignants. Ceux-ci se concentrent sur quelques jours voire semaines et beaucoup de petits artisans y renoncent parce qu’ils ne peuvent pas s’absenter de leur travail durant 5 jours d’affilée. Même s’il existe depuis le Covid une formation en ligne, cela n’a pas résolu le problème.

MESURE

Un poste centralisé d’apprentissage est créé afin de regrouper l’inscription à la formation. L’entrepreneur.e n’aura plus à solliciter plusieurs entités. Cette centralisation des données permettra aux apprenti-e-s, à l’école professionnelle, aux entreprises formatrices et aux commissaires professionnels de coordonner leurs informations et d’interagir directement entre eux. Chaque partenaire aura le même niveau d’information. L’apprenti.e pourra établir une feuille de route afin d’être soutenu à chaque étape de son inscription. Un effort particulier sera engagé pour faire appel à l’expérience de retraité.e.s comme commissaires d’apprentissage.

ARGUMENT 1 – Quoi ?

L’inscription étant centralisée, la gestion administrative des apprenti.e.s est simplifiée et les délais d’inscriptions réduits. Les formations des maîtres formateurs (cours de formation pour les formateurs/trices en entreprise) peuvent être organisées de manière à être étalées dans le temps sous le régime de formation continue.

ARGUMENT 2 – Pourquoi ?

Partant du constat qu’il y a plus de 3700 personnes de 18 à 25 ans sans emploi, et que des élèves en fin de scolarité pourraient entrer en apprentissage conduisant à un CFC (Certificat fédéral de Capacité) ou une AFP (Attestation fédérale de formation professionnelle), dans une profession reconnue, il est nécessaire de leur ouvrir des perspectives en facilitant l’entrée en apprentissage de ces jeunes.

ARGUMENT 3 – Comment ?

La plateforme permettra à l’apprenti.e de documenter les étapes de sa recherche et d’établir un suivi des actions menées : entreprises contactées, test d’aptitude, envoi du dossier par poste, en ligne, date de relance, réponse obtenue, proposition d’entretien etc. Les conseillers pourront également intervenir auprès des jeunes et si nécessaire en entreprise. Les jeunes rencontrant une rupture de contrat d’apprentissage pourront solliciter ces conseillers, soit dans la recherche d’une nouvelle place d’apprentissage, soit dans une réorientation professionnelle sous forme de passerelle avec l’aide notamment de la structure cantonale d’orientation.