Nouvelle approche du tri des déchets

Julia-Sergio

CONSTAT

A l’heure de l’urgence climatique, tout doit être entrepris pour limiter et réduire les émissions de CO2, en commençant par les émissions locales. Or dans ce contexte, l’incinération des déchets présente un impact croissant, établi au niveau européen : les données disponibles montrent que l’incinération des déchets ménagers a un impact négatif de plus en plus marqué sur le climat1. La Suisse compte 20 usines d’incinération des ordures ménagères (UIOM), à l’origine d’environ 5 % des émissions de gaz à effet de serre sur tout le territoire.

Au niveau suisse, un accord a été passé, en mars 2022, entre l’administration fédérale (BAFU) et l’Association suisse des exploitants d’installations de traitement des déchets (ASED) sur la taxe CO2 des incinérateurs pour réduire les émissions de CO2 générées par la combustion des déchets urbains, encourager une utilisation plus efficace de l’énergie dans les usines d’incinération des ordures ménagères et promouvoir la mise en service des installations de captage de CO2.

A Genève, les émissions de CO2 de l’usine des Cheneviers représentent 685 Kg de CO2 par tonne de déchet incinéré dans l’usine, soit pour 2021, 118’900 tonnes de CO2 ! En raison de tonnes de déchets sortant du canton et devant, selon le droit fédéral, être valorisés dans d’autres usines de Suisse, Cheneviers est en surcapacité et a dû importer de France voisine en 2021 « un peu plus de 34’000 tonnes » de déchets à incinérer, afin d’éviter un manque à gagner de plusieurs millions en taxes d’incinération. On importe donc de la pollution dans le canton de Genève.

MESURE

Il est introduit progressivement un tri des emballages a posteriori, avec récupération dans les éco-points et à domicile, à l’image du modèle choisi en France. L’objectif est de réduire d’au minimum un tiers d’ici 2028 la part des déchets incinérés, de simplifier le tri pour la population et de développer le recyclage des emballages en plastique qui ne sont pas recyclés à ce jour : films, pots, barquettes, tubes, sachets, etc. La levée des ordures organisée par les communes et les dispositifs mis en place par les régies immobilières dans les locaux d’habitation seront adaptés en conséquence.

Tel que le prévoit la loi fédérale (renforcé encore dans le projet de Loi Economie Circulaire), le tri à la source doit être favorisé et encouragé, notamment pour les recyclables (verre, papiers-cartons et organiques). En parallèle, il est possible aujourd’hui techniquement et économiquement de prévoir un tri « secondaire » pour extraire la part recyclable des déchets résiduels et limiter ainsi l’incinération.

Deux axes sont donc envisagés : premièrement, simplifier le « geste de tri à la source » par un service de collecte amélioré pour les déchets recyclables ; et deuxièmement mettre en œuvre un « tri secondaire » sur un site industriel automatisé et performant des déchets résiduels.

ARGUMENT 1 – Quoi ?

Le taux de recyclage des déchets plafonne péniblement à un peu moins de 50% depuis de nombreuses années, sans réelles perspectives de progression. Or dans un canton où les ménages voient leur pouvoir d’achat diminuer, une taxe au sac poubelle apparaît peu sociale car elle pénalisera les personnes à faible revenu sans modifier les comportements de ceux qui pourront payer. Il faut dès lors envisager de changer de système pour améliorer le taux de tri et diminuer la production de CO2 par l’incinération.

ARGUMENT 2 – Pourquoi ?

La protection de l’environnement nécessite des actes concrets et inscrits dans la vie de tous les jours, à percevoir comme une contribution volontaire plus qu’une contrainte légale ou réglementaire. Dans le cas d’espèce, on peut directement mesurer la réduction des émissions de CO2 à la faveur d’une réduction du tonnage incinéré.

ARGUMENT 3 – Comment ?

C’est par le changement du tri que s’opérera l’impact sur le climat. Pour ce faire, miser sur l’information et la sensibilisation est primordiale. Il faut sensibiliser non seulement au processus de recyclage mais également à la prévention des déchets au niveau des consommateurs et valoriser les acteurs qui se consacrent à la réutilisation ou à la réparation des déchets. En matière de comportement individuel, l’implication de la population permettra une identification accrue des Genevois-es avec l’objectif de réduction attendu.

1 https://zerowasteeurope.eu/wp-content/uploads/2019/12/zero_waste_europe_cs_waste_incineration_getting_away_unscathed_with_co2_emissions_fr.pdf.