Réseau de soins à domicile de proximité

Monika-Ducret

CONSTAT

Les soins à domicile représentent un enjeu crucial pour la cohésion sociale, car ils matérialisent le filet de sécurité pour les plus vulnérables. Or tout repose actuellement sur un carcan administratif qui privilégie le contrôle et le chiffrage de chaque geste au détriment de l’humain. Il apparaît donc essentiel de s’interroger sur des modèles alternatifs.
Le système Buurtzorg est connu pour avoir chamboulé le secteur des soins à domicile aux Pays-Bas, où il existe environ 4000 entités autonomes de ce type. L’entreprise repose sur des équipes de soins de proximité, composées de cinq à douze infirmier.ère.s, sur un territoire donné ; ce territoire compte entre quinze et vingt mille personnes résidentes, et chaque équipe prend en charge 40 à 60 patient.e.s.
Les équipes fonctionnent en autonomie totale et sont invitées à partager leurs conseils aux autres via l’intranet de l’entreprise. Par rapport au système actuel où le personnel de santé doit effectuer des actes chronométrés générateurs d’anxiété, le modèle Buurtzorg s’est imposé et représente à ce jour plus de 75 % des soins à domicile hollandais.
Au-delà de ce modèle issu des Pays-Bas (Buurtzorg Nederland), une expérience pilote est menée depuis deux ans à Zurich, et en Bas-Valais, une initiative privée, la-reponse.ch, à vu le jour. Sous réserve de la démonstration de sa viabilité économique sur la durée, ce modèle semble aujourd’hui faire florès comme le prouvent les recherches de La Haute école de travail social et de la santé Lausanne hetsl.ch.

MESURE

Il est mis sur pied, dans une logique de continuité entre l’action sociale et la prise en charge sous l’angle de la santé, un réseau de soins à domicile de proximité reposant sur un partenariat public-privé, en ce sens que les structures agissantes sont privées et la cadre fixé et contrôlé est public.

ARGUMENT 1 – Quoi ?

La détection précoce de situations sociales problématiques diverses (isolement, précarité, dépendance, phobie administrative, mobilité réduite, etc.) et leur prise en charge « sur mesure » permet d’éviter une médicalisation, voire une surmédicalisation aussi précoce que coûteuse. Aux Pays-Bas, le système mis en place a permis jusqu’à 40% de réduction des coûts de santé afférents.

ARGUMENT 2 – Pourquoi ?

Un réseau de soins de proximité, replacé à la bonne échelle et sans la lourdeur apparente d’une structure faitière, permettrait de redonner de la motivation à un personnel souvent limité dans sa capacité d’initiative et peu reconnu pour l’importance de son action et la qualité de son savoir-faire.

ARGUMENT 3 – Comment ?

La mise sur pied d’un réseau d’entités socio-médicales, administrativement reliées mais économiquement autonomes, reconnu par les assurances maladie, appliquant un même modèle structurel mais disposant d’une latitude de fonctionnement, composé d’infirmiers, de thérapeutes et de tout autre professionnel en lien avec les besoins de la personne tels que chauffeur, cuisiner, etc., apparaît comme le plus adapté aux caractéristiques urbaines genevoises. Il pourrait inclure les proches aidants (cercle familial, amical, voisinage, commerçants et structures associatives) qui sont aujourd’hui très sollicités.